Le sentiment d'impuissance réveille toujours des émotions refoulées, qui n'ont pas été libérées. Par exemple, une petite fille assiste à une scène de violence. Son père bat sa mère qui pleur, crie, supplie. La petite se sent seule avec ses émotions et totalement impuissante à pouvoir aider sa mère.
Plus tard, chaque fois qu'elle verra son conjoint ou son enfant souffrir, elle ne pourra le supporter car cela la ramènera inconsciemment à cet événement où elle s'était sentie si impuissante. Pour ne pas ressentir de sentiment d'impuissance, elle en fera trop. Elle décidera et voudra à la place de son mari ou de sa fille.
Les personnes qui portent un sentiment d'impuissance vis-à-vis de la souffrance des autres se retrouvent souvent dans l'un de ces groupes :
- Ils choisissent un travail en relation d'aide (médecin, psychologue, psychiatre, thérapeute, etc.)
- Ils sont incapables d'entrer dans un hôpital ou de voir du sang. A la vue de leur conjoint ou de leur enfant malade, ils prennent la fuite ou se mettent en colère, allant parfois jusqu'à frapper la personne qui souffre.
- Ils ont des conflits avec leur conjoint si ce dernier se montre un peu trop autoritaire avec leurs enfants.
Les uns comme les autres ont à apprendre à se détacher de la souffrance des autres.
Il est remarquable de constater que les thérapeutes, médecins, psychologues, etc. se retrouvent souvent, dans leur relation de couple ou familiale, en présence d'une personne qui souffre. Ce qui les amène à dire ou à penser : "Comment se fait-il que je puisse aider tant de personnes alors que je suis incapable de soulager celle que je voudrais aider le plus ?"
Pour se libérer du sentiment d'impuissance, il suffit simplement d'accepter que les événements vécus par la ou les personnes en cause sont ceux qu'elles devaient vivre pour intégrer leurs leçons de vie. La personne qui vit un sentiment d'impuissance doit apprendre le détachement par rapport à ce que vivent les autres.
Je me souviens de cette dame de 62 ans qui pleurait depuis plus de 50 ans la mort de son frère et qui persistait à croire que, si elle avait été là, il ne se serait pas noyé.
Elle avait 12 ans et son frère 13 ans. Ils étaient les meilleurs copains. Comme ils habitaient près d'un lac, ils aimaient beaucoup aller se baigner ensemble. Par une belle journée, ensoleillée, son frère l'invita à l'accompagner au lac. Elle était menstruée et ne voulait pas lui dire. Son frère insista pour qu'elle vienne. Elle lui dit : "Vas-y sans moi, je n'ai pas envie de me baigner aujourd'hui." Il y alla seul et se noya cet après-midi là. Elle se sentit si coupable de ne pas l'avoir accompagné. Elle pensait : "Si j'avais été là, j'aurais pu la sauver."
Cette culpabilité lui avait gâché une grande partie de sa vie. Elle put s'en libérer lorsqu'elle accepta que cela faisait partie de ce que son frère avait à vivre comme expérience sur la voie de l'évolution. Si cela n'avait été, quelqu'un d'autre aurait été là pour le sauver. Elle avait à apprendre à se détacher de cet être qu'elle aimait tant. C'est sa leçon de vie.
Souviens-toi que se détacher ne signifie pas être indifférent ou ne pas intervenir lorsque tu en as les moyens. Se détacher, c'est comprendre ce que vit l'autre, accepter la situation qu'il traverse, lui tendre la main si cela t'est possible, mais aussi accepter de le laisser vivre sa souffrance s'il ne veut pas d'aide et accepter ton impuissance lorsque tu ne peux rien faire.
Si ce sentiment d'impuissance se représente, recherche ce qu'il réveille en toi et fais le processus de détachement pour t'en libérer.
"Soyons libres, Soyons sans limite, Soyons un tout, guéris et unis."
"Parce que nous attendons de quelqu'un, et uniquement pour cela, nous souffrirons, car le désir apporte la souffrance et l'amour apporte la joie."
Joan Walsh Anglund