L’utilisation du masque se perd dans la nuit des temps. Dans les célébrations, les rites propitiatoires, magiques et religieux, c’était une sorte de passerelle qui reliait la partie relationnelle de l’homme à sa partie extraterrestre. Dans l’Antiquité, le masque permettait aux acteurs de théâtre d’interpréter tour à tour des personnages différents. Chacun de nous, au quotidien, porte un masque qui coïncide avec son rôle social du moment. On assume ainsi des comportements différents, afin qu’ils soient conformes à nos attentes spécifiques. L’homme a toujours porté un masque afin d’apparaître différent de ce qu’il est ou pour extérioriser des aspects de sa personne souvent dissimulés.
Je réfléchis sur le sens de mes masques. Quels sont-ils ? Qui suis-je sans eux ? Quels sont mes faux comportements dictés par la peur du jugement des autres, le besoin d’apparaître différent de ce que je suis et le désir d’approbation ? De quoi ai-je honte, qu’est ce qui m’empêche de m’exprimer sincèrement ? J’endosse des masques de convenance, des masques coutumiers ; ce sont des écorces qui me protègent ; des illusions d’authenticité. La guerre règne entre mon esprit et mes émotions. Je veux me reconnaître totalement, accepter chaque partie de moi. A travers une recherche intérieure labyrinthique, je rencontre toutes mes facettes. Je reconnais la relativité de tout problème. A bas les masques inutiles. Je réfléchis en silence et j’essaie de voir un film où jouent mes personnages, ceux d’aujourd’hui et ceux du passé. Guidé par mon instinct et ma prière, je crée un masque que j’endosse devant un ami. Je m’exprime comme il se doit, selon la caractéristique du masque. Sous la protection de son énergie, j’entre en moi, tout au fond de moi, et je me révèle sans honte. Je me laisse posséder et secouer ; le regard de l’autre m’aide à ressentir qui je suis. Je vois mes limites mais aussi mon pouvoir personnel, ma force, ma créativité. Ma véritable essence s’extériorise et commence à danser. Alors je remercie le masque, puis je l’abandonne. Je n’en ai plus besoin. Je prends conscience de l’ambivalence des masques ; d’n côté ils m’emprisonnent, de l’autre ils me permettent de m’exprimer. Certains masques doivent être éliminés ; d’autres doivent être construits. Je suis. Ce n’est pas qu’une pensée.